Anas ؓ raconte avoir ouï le Messager ﷺ dire ceci : « Si un musulman plante un arbre ou un rameau, ou sème une graine, toutes les fois qu’un oiseau (1), un homme ou une bête brute (2) y trouvera sa nourriture (3), alors il lui en sera compté une aumône (4). »
Le nom de l’oiseau vint avant celui de l’homme et des autres animaux, car il atteint le premier d’entre tous les fruits de l’arbre, étant celui qui habite les hauts lieux et celui qui, dès l’aube, va quérir sa subsistance avant que les autres ne soient encore levés.
Voyez que le Messager mentionne séparément homme et bête, et ne suit point l’erreur trop commune de ranger l’homme dans la catégorie des animaux. L’homme n’est point animal, il le faut rappeler à la jeunesse, et sa différence vient, selon notre doctrine, de ce qu’il est libre de désobéir à son Seigneur et de s’écarter du chemin droit, et errer pour sa destruction, et qu’il se destine au Paradis ou aux Enfers.
Le Messager ﷺ n’a point dit qu’ils se nourrissent des fruits de l’arbre, car tout dans un être végétal sert aux animaux et insectes, et non le fruit seulement : ceux-là attirent et remplissent leur panse, les fleurs quant à elles servent aux insectes et aux mouches à miel dans la fabrication du doux miel, les branches et le bois sont rongés par des êtres infiniment petits, dotés comme de scies et instruments convenables à cet office, les nombreuses racines, dans les profondeurs, nourrissent et abreuvent en eau des créatures de la terre, &c. Bref, rien n’est en eux qui ne serve de quelque aliment, ou, dirons-nous davantage, à quelque commodité encore. Les perroquets et autres oiseaux de petite stature, dit-on, s’il n’y avait les branches pour accueillir leur vol et leur permettre un discret séjour dans ces feuillages, ceux-là auraient très vite eu les ongles si démesurément longs et entortillés qu’ils ne pourraient plus gagner les aires de leur vol, car l’âpreté et dureté du bois rongent continuellement et petit à petit leurs ongles, et les empêchent de croître outre mesure. Aussi, qui n’a point vu un de ces habitants du ciel en besogne à aiguiser son bec, le frottant et le choquant contre le bois tantôt d’un côté, tantôt de l’autre ?
Nous ne connaissons presque rien de l’architecture divine, ni toutes ses grâces et merveilles qu’Il a distribuées secrètement, mais, quoiqu’il en soit, il ne faudra comprendre le verbe أكل يأكل par Manger ou Consommer seulement, mais bien par Trouver quelque profit, afin qu’outre la nourriture, le nid, l’habitat, le repos, le refuge, l’entretien du corps et la médecine, et tous autres bienfaits qu’y trouvent les êtres vivants y soient compris. Ce sens général de Profiter de quelque façon que ce soit est confirmé par les dictionnaires, et il s’agit du second sens du verbe أكل يأكل, et il est possible quand la particule من suit le verbe, comme dans notre cas.